jeudi 19 février 2009

La proximité de l'école est à défendre sur le terrain

Entretien avec Jean Milési
«La proximité de l'école est à défendre sur le terrain»

A l'heure où les comités départementaux de l'éducation nationale (CDEN) vont se réunir pour prendre connaissance des projets de carte scolaire de la rentrée 2009, Jean Milési, maire de Mélagues, vice-président du conseil général de l'Aveyron et secrétaire de l'association Ecole & Territoire, rappelle toute l'importance qu'il y a à ce que les élus de montagne restent mobilisés pour défendre leur école de proximité.


PLM: La réorganisation des services publics d'Etat atteint-elle l'école?
Jean Milési : Indirectement, mais sûrement. Le contexte de rigueur budgétaire, qui incite à gérer les effectifs d'enseignants au plus serré, et le développement des intercommunalités, constituent deux tendances en elles-mêmes peu propices à la dissémination des écoles sur les territoires. L'école enmilieu rural ressent les effets des 13500 suppressions de postes annoncées pour cette année, dont 4500 concerneraient le primaire.
La systématisation des établissements publics d'enseignement primaire (EPEP), si elle part de la logique saine d'un service de l'éducation territorialisé et contractualisé, risque, si l'on n'y prend garde, d'aboutir à terme à un transfert croissant des charges financières sur les collectivités locales, avec le risque de créer une offre d'éducation à la carte en fonction des niveaux de richesse locale.
PLM:Dans un contexte de réduction globale des effectifs, comment défendre le maintien des classes uniques et des petites structures?
J.M.: Par lamobilisation et la persuasion. Il faut être présents sur le terrain, auprès des inspections d'académie et au sein des CDEN, pour rappeler les apports bénéfiques de la proximité de l'école en milieu rural et de l'enseignement en petite structure : meilleurs résultats pédagogiques, qualité de vie scolaire, économie de transport (et gain de sécurité), apport substantiel à l'aménagement du territoire.
On peut concevoir que pour l'Education nationale le plus faible taux d'encadrement en milieu rural représente un effort substantiel.
Il ne faut pas pour autant que cette dernière reste aveugle aux lourds efforts consentis par les collectivités et à l'attente des parents qui ont le souhait légitime de scolariser leurs enfants près de chez eux.
PLM:Contester les fermetures d'écoles devant les tribunaux administratifs est-il payant?
J.M.: La judiciarisation des fermetures d'école est un prolongement logique de la détermination dont je parlais à l'instant. Bien souvent, les modes de gestion pratiqués par les inspections d'académie et les rectorats s'affranchissent des règles pour l'appréciation des effectifs scolarisés, par exemple, ou dans la conduite des consultations préalables.
Les activités d'Ecole & Territoire, qui assiste souvent des collectifs d'élus locaux et de parents dans ce type de contentieux, montrent que nombre de fermetures ne sont pas inéluctables. Et lorsque les recours introduits ne se soldent pas par des réouvertures de classes, leur trace témoigne aumoins de la réalité de la demande en matière d'école de proximité. Or, n'oublions pas que, selon la loi, l'offre de services publics doit tenir compte et s'organiser à partir des besoins réels des populations.


Article du numéro 191 de Pour la montagne (ANEM)

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